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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/393

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les mystères de montréal

Au début, il fut prudent, risqua de petites sommes : il s’enhardit et risqua de gros montants, au point qu’un jour il se trouva à avoir à la Bourse, spécialement destinée à la spéculation, une somme de $45,000 représentant sa fortune à lui, et $15,000 de la maison Donalson.

Il passait la journée sur les dents, à guetter la hausse ou la baisse. Il faisait peu de pertes et beaucoup de profits.

Un jour, cependant, il fit une perte considérable.

À onze heures du matin, il acheta à New-York plusieurs cent mille minots de blé. Il crut que la bourse monterait ; elle monta en effet, mais il attendit encore. À quatre heures du soir, la valeur de son blé avait augmenté considérablement. Il attendit au lendemain pour le vendre, mais durant la nuit, il y eut une baisse soudaine.

Braun attendait toujours. On le vit, les yeux en feu, dévorer d’un regard fiévreux les bulletins du comptoir d’escompte. Le blé, au lieu d’augmenter, baissa toujours.

Le beau-frère de Jeanne perdit $62,000. Il paya $45,000 dans les vingt-quatre heures, mais faillit devenir fou.

En retournant chez lui, hébété, abruti, il rencontra de Courval, qui connaissait la catastrophe.

— Ruiné ! fit Braun au désespoir, ruiné !

— Comment ? demanda de Courval.

— Eh bien oui : je jouais avec les fonds de la maison Donalson et j’ai tout perdu. Il ne me reste plus qu’à