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les mystères de montréal

bas. Dans l’autre monde, le temps des jouissances sera passé pour eux.

Les affaires de Charles Gagnon marchaient donc rapidement dans la voie du progrès. Le traître ne savait pas à quoi attribuer ses succès, si ce n’est à son esprit d’initiative et à son énergie qu’il s’appliquait toujours à perfectionner.

Même dans le désastre qui frappa son prétendu ami Braun, il trouva moyen d’améliorer sa situation personnelle, dont l’idéal était de posséder Jeanne Duval.

Jeanne Duval, voilà le nom qui courait dans sa tête et qu’il murmurait tout bas, depuis l’âge de vingt ans. Il l’avait murmuré à Saint-Denis, sous le toit paternel : sur mer, entouré de sang, au milieu des batailles, il l’avait répété, et aujourd’hui il le murmurait encore en signant ses importants contrats. C’était plus fort que lui, il revenait involontairement à son amour de mil huit cent trente-sept.

En réponse à l’homme ruiné, qui demandait comment il pourrait le remercier de tant de bonté, il dit :

— Faites que je devienne votre beau-frère.

— Ah, mon cher de Courval, si cela dépendait de moi, vous le seriez depuis longtemps… Mais Jeanne est majeure, elle n’est plus sous ma tutelle.

— Les caprices de la jeune fille ne tomberont jamais ?

— Je le crains.

— Écoutez… Avec votre concours, je puis forcer votre belle-sœur à devenir ma femme.

— Et vous le feriez…