Aller au contenu

Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
398
les mystères de montréal

— Oui, mais ce n’est pas de la manière que vous pensez. Ainsi je puis, par ruse ou par force, lui faire signer un contrat comme celui-ci : « Les soussignés s’engagent solennellement à s’épouser dans l’espace d’un mois. »

— Jeanne Duval ne consentirait pas à vivre avec vous, après une telle affaire.

— Je la forcerais.

— Elle porterait plainte devant les tribunaux.

— J’aurais les témoins pour moi.

Et le banquier fit sonner une poignée d’écus dans sa poche.

— Mais avez-vous calculé les suites funestes qui pourraient en résulter ? demanda Braun.

— Je m’occupe fort peu des suites… Comme je vous l’ai souvent dit, j’aime votre belle-sœur à la folie, avec passion, et je donnerais la moitié de ma vie pour la posséder… Écoutez, Braun, je vais faire un marché avec vous… Je vais vous ouvrir un crédit jusqu’à concurrence de soixante et dix mille piastres… Et si vous travaillez-bien pour moi, si je suis content de vous, le jour où je deviendrai votre beau-frère, je vous dirai : « Vous me rembourserez le montant quand vous pourrez. » Autrement vous n’aurez qu’un an pour rentrer dans vos finances.

Braun ne répondit pas. Mais il regarda le banquier, avec un air qui signifiait : J’y penserai et j’essayerai encore.