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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/404

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les mystères de montréal

celle du Canadien mais elle était bonne pour la lutte. C’était Alfred Labadie, le seul intime qu’eut Paul Turcotte à Vera-Cruz.

Une suite de malheurs à peu près semblables avait lié ces deux hommes.

Labadie était fils d’un négociant en coton de la Nouvelle-Orléans. À la mort de ce dernier, survenue un an avant les événements que nous racontons, un banquier sans honneur s’était emparé frauduleusement de l’héritage de la famille Labadie, évalué à $30,000, et s’était enfui en Canada. Après beaucoup de difficultés, Alfred Labadie avait mis la main sur une lettre, écrite par le banquier lui-même, et dans laquelle il complotait le vol. Avec cette lettre, Labadie eut pu se faire réintégrer ainsi que sa mère et sa sœur dans les biens de son père. Mais il eut fallu beaucoup d’argent pour cela et le jeune homme n’en avait point. Il avait quitter sa famille, s’exiler de sa chère Louisiane, pour aller tenter fortune au Mexique.

C’est là qu’il avait fait la rencontre du Canadien.

Ces deux hommes à peu près du même âge, frappés tous deux au début de leurs carrières, par la main du malheur, s’étaient sentis attirés l’un vers l’autre. Et la langue française qu’ils parlaient, au milieu des Mexicains, les avait unis davantage.

Ils s’entretenaient souvent de leurs pays : l’un parlait du Saint-Laurent, l’autre du Mississipi : l’un de sa fiancée qu’il n’oubliait pas, l’autre de sa mère et de sa sœur qu’il espérait revoir bientôt ; l’un enfin des insti-