Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
405
les mystères de montréal

tutions démocratiques d’un pavillon, à l’ombre duquel tous les hommes se considèrent des égaux, des frères, et marchent ensemble dans la voix du progrès ; l’autre d’un gouvernement colonial monarchique, où il existe des préjugés de caste, et qui profite de sa force pour opprimer le faible, sans s’occuper de la justice.

Le Canadien trouva dans le Louisianais un ami sincère et un confident, et Labadie trouva en Turcotte un consolateur et un puissant protecteur.

Tel était l’homme que Turcotte avait fait mander chez lui, en apprenant la déclaration de la guerre avec le Guatémala.

— Tu sais, lui dit-il, que la guerre est déclarée… Notre pays d’adoption a été insulté sans raison…

— Je le sais, répondit Labadie.

— Eh bien, si tu es de mon opinion, nous irons guerroyer pour le compte du Mexique, reprit le Canadien. Tu connais la bonté, dont le président Escobar a toujours fait preuve envers les étrangers, montrons lui notre reconnaissance… Tu étais officier dans le régiment de la Nouvelle-Orléans, tu seras dans l’état-major ici… Si tu t’enrôles avec moi, je te donnerai la somme que tu aurais gagnée durant les prochains six mois… Si tu venais à mourir durant la campagne, je te promets que ta famille sera à l’abri de la misère… Et si nous survivons tous les deux à cette guerre, nous irons au Canada surprendre ton coquin de banquier qui s’est réfugié là… Cela te va-t-il ?…