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autres puissances, avait groupé autour de lui, une centaine d’hommes, qui, fidèles aux vieilles traditions nationales, avaient étudié l’art des premiers conquérants du pays.

Escobar, généralissime des troupes mexicaines, avait établi son camp sur le versant nord de la plaine en litige, et Nunez, du Guatémala, sur le versant sud, de sorte que les soldats formaient un cordon autour de la Sierra de Monterez, ayant pour champ de bataille un immense plateau situé à neuf cents pieds au-dessus du niveau de la mer.

Sorti des rangs du peuple, Escobar s’était élevé par son énergie et ses talents au poste important de président du Mexique. Trois ans auparavant, il avait été porté en triomphe par toute la contrée, à l’occasion de son heureux avènement. Il était l’âme de ce pays si républicain, qu’on nomme le Mexique.

C’était un homme de quarante-cinq ans, de stature moyenne, à la chevelure noire et forte, au teint bronzé et aux yeux vifs.

Aux premières rumeurs de guerre, il sortit de sa capitale, qu’il confia aux soins d’un lieutenant, et accourut sur le théâtre des troubles prêcher d’exemple, laissant derrière lui, sans broncher, Mexico avec ses fêtes, ses bals énervants, ses promenades au clair de la lune sur le lac Texcoco, pour aller vivre à l’aventure, sous des tentes dressées à la hâte au milieu des mitrailles.

La journée avait été rude pour les Mexicains. L’infanterie, refoulée au fond d’un ravin, avait battre