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les mystères de montréal

courrier du soir. On discutait longuement les événements politiques du jour. Les feuilles canadiennes-françaises regardaient comme un bon augure la victoire remportée par les patriotes de Saint-Denis ; les feuilles tories pensaient le contraire.

Madame Duval, tout en jetant un coup d’oeil aux amoureux, tricotait une paire de bas.

Lorsque dix heures sonnèrent, s’étant approchée de son mari, elle lui dit :

— Paul Turcotte n’a pas l’habitude de veiller si tard, il doit se passer quelque chose d’intéressant entre les jeunes. Je ne serais pas surprise si nous avions des noces à Noël.

— Oui, et les voilà qui viennent faire la demande, reprit le notaire en voulant narguer sa femme qui voyait souvent des mariages là où il n’y avait que des amourettes.

Cette fois, pourtant, elle ne se trompait point. Paul et Jeanne s’avançaient dans le bureau du notaire.

Le jeune patriote dit simplement :

— Je suis en âge de me marier, monsieur Duval, je suis capable de faire vivre une femme et je pense depuis assez longtemps à devenir votre gendre… Qu’en dites-vous ?

Ah ! mon garçon, si Jeanne est consentante, vous pouvez commencer à publier dès dimanche, si vous voulez.

Ces paroles dites sur un ton jovial montraient la