Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
les mystères de montréal

Peut-être que le jour est proche où l’on verra se répéter sur les rives du Richelieu les scènes du bassin des Mines…

— Je t’en prie, n’attriste pas cette soirée en rêvant un avenir si sombre. Les Acadiens ont souffert mais à présent les gouverneurs anglais sont plus humains, répondit Jeanne. D’ailleurs les vainqueurs sont les patriotes, et le gouvernement sera forcé de faire droits à leurs justes réclamations.

— Il serait à désirer que les événements tournassent ainsi : je crains cependant que le fanatisme de certains hommes les fassent tourner autrement.

Le lieutenant de Duval était redevenu pensif comme à la veille de la bataille.

— Avant longtemps, continua-t-il, nous serons peut-être séparés par les hasards de cette guerre… qui sait ? Mon Dieu ! Jurons-nous donc amour et fidélité… Cela nous donnera du courage dans les épreuves. Si tu veux, Jeanne, nous allons consulter tes parents là-dessus. Quant à mon père à moi, il est consentant. Je lui en ai parlé assez souvent pour le savoir.

Jeanne répondit au patriote qu’elle serait heureuse de devenir sa fiancée et qu’elle espérait bien que ses parents n’y mettraient pas d’empêchements.

Pendant que les jeunes gens se faisaient l’amour dans le salon, le notaire Duval et sa femme étaient assis dans la salle, auprès de l’âtre où la bûche d’érable faisait entendre ses pétillements.

Matthieu Duval lisait les journaux apportés par le