Et vous pensez qu’elle va se marier avec celui qu’on appelle le banquier de Courval ? dit-il en appuyant sur les mots : qu’on appelle.
— Dame, je dis cela, mais vous savez je n’en suis pas certain… Ce qui me fait parler ainsi, c’est que de Courval et Braun qui est marié à la sœur de mademoiselle Jeanne Duval…
— Quel espèce d’homme est-ce ce monsieur Braun interrompit le patriote.
— On dit que c’est un homme qui fait des scènes à sa femme.
— Pauvre orpheline ! murmura Turcotte… mais pardon ; vous disiez que de Courval et ce Braun…
— Viennent ici quelque fois et, un jour, j’ai entendu le banquier dire à son ami : « Nous allons donc devenir beaux-frères » et Braun répondre : « Je l’espère, si nos projets réussissent. »
— Quels projets ? demanda Turcotte.
— Je ne sais pas, répondit l’hôtelier, mais ils parlaient bas, comme des comploteurs.
— Et vous êtes certain que mademoiselle Jeanne Duval n’est pas mariée ?
— Ah oui, pour cela.
L’ancien lieutenant du notaire Duval s’arrêta un instant et parut pensif, puis il demanda à Rasco, sans songer à qui il s’adressait :
— Est-elle bien changée ?
— Je ne sais pas comment elle était auparavant,