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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/431

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les mystères de montréal

heureuse, mettrait ses quatre millions à ses pieds et la ferait vivre comme une princesse.

Quand le jour fut venu, il descendit trouver monsieur Rasco et lui demanda s’il connaissait le banquier de Courval.

— Certainement, répondit-il, c’est un homme très riche.

— Quel espèce d’homme est-ce ? demanda le patriote de 37.

— Il est petit, porte des lorgnons et on dit qu’il se teint les cheveux.

— Depuis quand est-il à Montréal ?

— Depuis au-delà d’un an.

— Il n’est pas marié ?

— Non, mais tenez, il va justement donner un bal ce soir, et je crois, moi, que c’est pour enterrer sa vie de garçon.

— Sa vie de garçon ! riposta vivement le héros du Mexique, avec qui doit-il se marier ?

— On dit qu’il courtise la belle-sœur de monsieur Braun, une demoiselle Duval, si je ne me trompe, une orpheline qui m’a l’air bien à plaindre.

— Bien à plaindre, dites-vous

— Oui, toujours triste, toujours seule. On dirait qu’elle a perdu quelque chose… Malgré cette mélancolie, elle est bien jolie.

Le patriote de 37 fut ému en entendant parler l’hôtelier.