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les mystères de montréal

— Bah, tu sais, dans notre rang, on connaît les allées et venues des deux partis.

Sur les entrefaites Duval entra.

Il fronça le sourcil à la vue de Roch Millaut, fit un clin-d’œil imperceptible à Paul et continua dans l’autre appartement. Là il dit à mi-voix à son lieutenant :

— Les petits gars d’Ovide Nantel qui sont descendus au bois de Bergeron, ce matin, disent que les Habits-Rouges y sont cachés.

— Roch est à m’apprendre la même chose, dit Paul Turcotte en montrant du geste l’autre appartement.

— Serait-ce donc vrai ? Alors agissons au plus vite.

— Si j’avais un conseil à vous donner, dit le père Joseph Turcotte que Nelson regardait comme un homme sage et digne de confiance, je vous dirais de vous défier de Roch Millaut, de ne pas le croire à moins qu’il ne soit sous serment. Depuis le commencement des troubles on l’a vu souvent avec Charles Gagnon : je ne veux pas dire que ce jeune homme est un bureaucrate… mais vous savez qu’il en veut à Paul.

Le serment voilà quel était le gage de sincérité à l’époque où se passe notre récit. Dans les campagnes se conservait fervent l’esprit religieux des premiers missionnaires et on n’aurait jamais cru qu’un homme put se parjurer de sang-froid. Disait-il une invraisemblance on le croyait pourvu qu’il fit serment.

Les trois patriotes revinrent dans l’autre appartement. Duval salua alors Millaut et lui demanda :