Aller au contenu

Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
les mystères de montréal

Cependant il menait une existence quelque peu singulière. Il était toujours sombre comme si un affreux drame était venu briser les rêves de sa vie.

Son équipage se composait en partie de Canadiens-français et on en parlait en bonne part.

Sur les quais un riche négociant et un officier de marine causaient avec animation.

— Eh bien, n’avais-je pas raison, demandait le premier, de vous dire que Gibraltar est devenu depuis quelque temps une ville mystérieuse ?… Après le mystère de la rue Mucalos où les lumières s’allument seules, il nous fallait celui d’un brick qui navigue sans équipage.

L’officier de marine hocha la tête ; il était intrigué.

— Connaissiez-vous le capitaine du Marie-Céleste ? demanda-t-il.

— Oui, c’était un charmant jeune homme, un Canadien…

— On dit qu’il y avait quelque chose de louche en lui ; que tantôt il portait le nom de Paul Turcotte et tantôt un autre nom.

— En effet, cela est vrai.

— C’était un célibataire… Et cette femme et cet enfant qui étaient à bord ?…

— N’étaient pas à lui apparemment, à moins qu’il ait épousé une veuve depuis son dernier voyage ici.

L’émoi fut encore plus grand quand on apprit que la femme et l’enfant qu’il y avait sur le Marie-