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les mystères de montréal

Ils étaient trois cents quand Poutré arriva : excités pour la plupart ils parlaient à haute voix

— C’est une ignominie, disait l’un, on fait du tort à nos biens, on nous ruine. Par le froid qu’il fait, nous ne pouvons pas rester chez nous, pas même nos femmes et nos enfants, sans nous voir maltraités par les troupes. Si nous n’étions pas ici pour protéger nos bâtiments, ils seraient déjà en cendre. Notre force est dans le nombre. Rallions-nous ! à mort les Anglais !

La nuit tomba. Les patriotes allumèrent des feux pour dégourdir leurs membres et après avoir posé des sentinelles ils s’endormirent pour réparer leurs forces.

Vous connaissez cette journée du dix novembre où les patriotes voulurent déloger l’ennemi. Du premier coup, ils furent repoussés par la mitraille des Habits-Rouges. Ils se retirèrent après avoir vu tomber une quarantaine des leurs.

Ils retournèrent à Napierville. En arrivant le notaire Duval se rendit chez le docteur Poitras. Il était fâché et sans s’asseoir il dit :

— Or ça, docteur, quand aurons-nous nos fusils ? Vous les promettez toujours et ils ne viennent pas…

Je veux savoir à quoi m’en tenir…

Poitras sourit et tapa sur l’épaule du notaire en disant :

— Vous êtes fâché, c’est à bon droit. Moi, il y a longtemps que je le serais à votre place. Mais cela va cesser puisque nos fusils sont à Rouse’s Point. Ils attendent des charretiers pour les transporter ici.