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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/93

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les mystères de montréal

L’intérieur, bien qu’assez propre n’est pas fait pour mettre la gaîté dans l’âme de celui qui l’habite. Des murs gris foncé, de sombres couloirs sans fin bordés de cellules avec leurs portes en fer ; le grincement des clefs des gardiens dans les serrures, le bruit des prisonniers qui traînent leurs chaînes, tout inspire l’horreur.

En arrivant, les quatre chefs patriotes furent conduits devant l’assistant du procureur-général Ogden à qui ils déclinèrent leurs noms et prénoms, leurs occupations et lieux de résidence.

Puis on les mit chacun dans une cellule.

Le lendemain, dans l’après-midi, les détenus entendirent un grand tumulte qui parut loin d’abord et qui alla en se rapprochant. On eut dit une foule en délire acclamant un héros ou huant un misérable. Les cris approchèrent graduellement et on distingua des injures, des sifflés qui n’avaient rien de flatteur.

Le notaire Duval regarda par sa fenêtre. Il fut stupéfait et recula involontairement en portant la main à son front. Un spectacle révoltant s’offrait à ses regards. Un contingent de patriotes entrait dans la cour de la prison. Les prisonniers étaient enchaînés et entourés de soldats : de plus ils étaient couverts de boue et la lie du peuple les sifflait.

Au premier rang, avec deux Habits-Rouges à ses côtés, nu-tête comme la plupart de ses compagnons, se trouvait le fiancé de Jeanne, la tête haute et envisageant la foule avec audace.

Le notaire eut un soupir d’indignation et secoua