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le pouce crochu

Et ils ne manquèrent pas de lui crier tous les deux :

— Si tu continues à piauler comme ça, on va te faire passer le goût du pain.

Ferme ta margoulette, ou je t’assomme.

En même temps, ils l’empoignaient, comme c’était convenu entre eux, et ils l’emportaient déjà, lorsqu’en passant le fossé qui bordait la route, celui qui la tenait par la tête dit à l’autre :

— Méfions-nous… il me semble qu’on court, là-bas, sur le trimar.

— Eh ben ! après ? C’est un biffin qui va à son ouvrage et qui se dépêche parce qu’il est en retard. Tu sais bien que les roussins, en ronde de nuit, ne courent jamais.

Camille entendait aussi ce pas précipité, et se demandait si c’était le pas d’un sauveur ou celui d’un ennemi.

Camille, heureusement, sut bientôt à quoi s’en tenir.

Les deux gredins la lâchèrent encore une fois. Elle tomba sur le dos, et, pendant qu’elle cherchait à se relever, un homme, qu’elle ne fit qu’entrevoir, se rua sur eux et commença à jouer d’une canne qu’il avait à la main.

Il en joua si bien que les bandits reculèrent tout d’abord.

Celui qui tenait un bâton essaya de se défendre. Un coup vigoureusement appliqué le désarma, et ce coup fut suivi d’une grêle de horions impartialement distribués. Le fouilleur en reçut un à travers la figure et s’enfuit en hurlant ; l’autre, atteint au crâne, n’eut que le temps de suivre son camarade pour éviter d’être assommé.

L’inconnu qui arrivait si à propos resta maître du champ de bataille. Il lui avait suffi de quelques secondes pour disperser ces lâches coquins et il dédaigna de leur don-