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Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/153

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le pouce crochu

bail et vous seriez toujours libre de donner congé. Mais pendant le temps que vous passerez à Paris, vous seriez infiniment mieux chez moi qu’à l’auberge. Et je ne vois pas pourquoi vous n’accepteriez pas ma proposition.

— Parce qu’elle n’est pas sérieuse, dit la comtesse, en regardant Fresnay dans le blanc des yeux.

La comtesse était en figure, ce jour-là, et vêtue à son avantage. Ses yeux brillaient d’un éclat singulier, et sa robe de chambre serrée à la taille faisait valoir son buste opulent.

Fresnay la trouvait cent fois mieux ainsi qu’en grande toilette, comme la veille, et il lui aurait volontiers offert bien plus qu’un hôtel et un mobilier, car il se sentait mordu par une de ces fantaisies, auxquelles il ne savait pas résister.

— Alors, vous croyez que je me moque de vous, dit-il ; que faut-il faire pour vous prouver que je parle sérieusement ? Voulez-vous venir à Passy avec moi ? Je vous ferai visiter l’hôtel, et nous passerons ensuite chez mon tapissier.

— Pardon ! c’est un marché, que vous me proposez là, interrompit madame de Lugos. Et je ne suis pas venue à Paris pour faire des affaires… j’y suis venue pour m’amuser.

— Je l’entends bien ainsi et je vous promets que si vous vous y ennuyez, ce ne sera pas ma faute. Acceptez-vous ?

— Alors, vous vous imaginez que je vais vous répondre : oui, ou non, tout bonnement, comme s’il s’agissait d’aller faire un tour au bois de Boulogne ? Quelle singulière idée vous avez de moi ! Et que penseriez-vous si je disais : oui ?

— Je penserais que vous êtes une femme supérieure qui