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le pouce crochu

— Quel extravagant vous faites ! Nous nous connaissons à peine et vous voulez à toute force que je lie ma destinée à la vôtre ! Si vous vous êtes toujours gouverné de cette façon-là, vous avez dû faire bien des sottises.

— Quelques-unes. Mais je ne trouverai jamais une si belle occasion de recommencer. Et je serais ravi de me ruiner pour vous.

— Je n’y tiens pas du tout. Et puisque vous parlez de consulter, je vous engage à consulter votre ami M. Gémozac, que vous m’avez présenté hier. Demandez-lui ce qu’il pense de votre beau projet. S’il vous conseille d’y donner suite, je m’engage à devenir votre locataire.

— Gémozac se récuserait. Mademoiselle Camille Monistrol occupe toutes ses pensées et il ne s’intéresse plus à mes amours. Il s’est mis en tête de découvrir l’assassin de feu Monistrol et pour peu que dure cette toquade, il finira par s’engager dans la police de sûreté.

— Ce n’est pas moi qui l’en blâmerais. Je vous saurai gré de me tenir au courant de ce que fera votre généreux ami pour aider cette jeune fille à venger son père.

— Je n’y manquerai pas et je vous remercie de me donner l’assurance que nous nous reverrons souvent. Vous aurez un rapport tous les jours, tant que vous serez encore au Grand-Hôtel, et encore plus souvent quand vous habiterez rue Mozart.

— Permettez ! Je n’ai pas dit que je consentais…

— C’est tout comme. Demain je viendrai vous prendre, à midi, pour aller avec moi choisir les meubles. Dînons-nous ensemble ce soir ?… Non, vous alliez sortir… et je veux vous prouver que je ne serai jamais gênant.

À propos, vous garderez votre femme de chambre, n’est-ce pas ?