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le pouce crochu

on fait des sottises, peu importe que ce soit pour une farceuse ou pour l’amour de la dame de pique.

— Soit ! mais sais-tu contre qui tu viens de perdre ton argent ?

— Non, et ça m’est parfaitement égal. Je joue pour me distraire… et je n’ai même pas regardé l’individu qui m’a fait sauter.

— Eh bien ! regarde-le, maintenant qu’il a pris ta place. À qui trouves-tu qu’il ressemble ?

— Je crois l’avoir déjà vu quelque part, mais…

— Je vais te dire où tu l’as vu. Te rappelles-tu le noble étranger qui faisait des signes à ma comtesse de Lugos, le soir où elle est venue s’asseoir à notre table sur la terrasse du café des Ambassadeurs ?

— Très bien… et, en effet, celui-ci a une tête dans le même genre.

— Je suis à peu près certain que c’est lui. Et je suis fixé sur un autre point ; ma douce amie me trompe avec ce gentilhomme qu’elle appelle du joli nom de Tergowitz. Elle m’a juré qu’il était retourné dans son pays. Or, je le retrouve ici, et je soupçonne que tout à l’heure il était chez elle. Il ne perd pas son temps, ce Magyar… depuis qu’il a pris la banque, il abat à tous les coups… et là-bas, rue Mozart, il prend ma place quand je n’y suis pas.

— Eh bien ! ne joue pas contre lui et mets cette drôlesse à la porte, puisqu’elle se moque de toi.

— Je finirai par là, certainement, quoiqu’elle m’amuse beaucoup, mais je vais bien t’étonner en t’apprenant qu’elle est très occupée de toi… et d’une autre personne.

— Que veux-tu dire ?

— Mon cher, je viens de me quereller avec cette toquée