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le pouce crochu

cet éclairage fugitif pour inspecter rapidement les objets qui l’entouraient.

Un bonheur n’arrive jamais seul. Son premier regard tomba sur une grosse lanterne posée sur une barrique. Il tremblait que cette lanterne ne fût vide, mais en l’ouvrant, il vit qu’elle était pourvue d’une longue bougie presque intacte qu’il s’empressa d’allumer.

— Sauvés ! murmura-t-il.

Et il courut secouer son père, qui se réveilla en sursaut et se mit sur pied avec la vivacité d’un homme convaincu qu’on vient l’égorger.

Courapied se mit en garde avec ses poings, la seule arme dont il pût disposer.

— N’aie pas peur, père, c’est moi, lui dit Georget.

— Comment, c’est toi ? Je ne te reconnaissais pas. Tu as la figure noire comme un nègre.

— Et toi aussi, père. Tu as l’air d’un charbonnier.

— Bon ! je vois ce que c’est. Nous avons dû tomber sur un tas de poussier de charbon.

— Il n’y en a pas ici, ça prouve qu’on nous y a traînés. Mais j’ai trouvé un falot qui va nous aider à en sortir.

Et le brave enfant raconta brièvement à son père l’histoire de ce miracle.

Courapied examina la bougie qui brûlait dans la lanterne et dit :

— En route, mon gars, nous n’avons pas une minute à perdre pour inspecter le local, car notre lumière ne durera pas longtemps. Mais voyons d’abord où nous sommes.

Ils étaient à quelques pas de la muraille pleine qui fermait de ce côté le souterrain.