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la force du pays. L’occupation de l’Ăhaggar par la France a donné le coup de grâce à la puissance des nobles : elle a établi l’égalité ; elle a ôté aux nobles la suprématie sur les ămeṛid et leur a retiré le droit de rien exiger d’eux ; ils ne gardent que la noblesse de sang ; les ămeṛid restent plébéiens de sang mais ne sont plus vassaux ‖ sur l’origine des nobles et des plébéiens de l’Ăh., et sur les peuples qui ont habité l’Ăh. avant eux, il existe 2 faisceaux de traditions : le 1er, mêlé de fables et de légendes, est universellement connu et presqu’ universellement accrédité dans l’Ăh. ; le 2d, beaucoup plus simple, n’est connu et cru que d’un petit nombre d’hom. appartenant aux familles ămeṛid les plus distinguées. — Voici le 1er. À une époque relativement récente, 2 femmes musulmanes, appartenant aux Berâber marocains, arrivèrent, venant du Maroc, à la palmeraie de Sîlet (Ăhaggar). Ces 2 femmes étaient de conditions inégales ; l’une, noble, s’appelait Ti-n-hînân ; l’autre, plébéienne, vassale et servante de la 1ère, s’appelait Tăkăma (ou, selon d’autres, Temâlek). Avaient-elles d’autres femmes, des hommes, avec elles ? qui eurent-elles pour époux ? on l’ignore. On sait qu’elles trouvèrent le pays vide ou à peu près vide d’habitants et qu’elles s’y établirent tout à fait pacifiquement. Toutes les régions entourant l’Ătakôr, toutes les parties basses et cultivables étaient inhabitées ; seuls qlq. idolâtres nommés Isebeten, vivaient dans les monts Tăé̆ssa, les plus inaccessibles de l’Ătakôr. Le pays avait eu antérieurement une population nombreuse, attestée par les palmeraies de Sîlet et d’Ennedid, les figuiers de Tit, Terhenânet, etc., qui existaient à l’arrivée de Ti-n-hînân, par les anciens ouvrages de canalisation que les travaux modernes mettent à jour, par les épées gigantesques et les grands ossements humains qu’on trouve qlqf. en fouillant le sol, par les nombreux tombeaux préhistoriques, cercles de prière et autres monuments préhistoriques épars dans l’Ăh., par les puits des déserts qui entourent l’Ăh., puits creusés par des races antérieures aux Touaregs, à une époque inconnue d’eux, et dont les margelles, usées par les cordes et successivement exhaussées, prouvent la haute antiquité. Comment le pays était-il vide, après avoir été si habité ? La guerre avait probablement détruit ses habitants. Les « Ṣeḥḥaba » (« compagnons de Mahomet », nom sous lequel on désigne les 1ers conquérants arabes) avaient, croit-on vaguement, traversé l’Ăhaggar, et en le traversant ils l’avaient dévasté et avaient exterminé ses habitants presque jusqu’au dernier. Cette population détruite par les « Ṣeḥḥaba », qui avait précédé immédiatement les Touaregs actuels dans l’Ăhaggar, était le peuple idolâtre des