Page:Foucaux - Le Religieux chassé de la communauté, 1872.djvu/15

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Dans la suite, l’homme qui apportait chaque jour à Zangmo 500 kârchâpanas cessa un jour de les lui apporter.

Quelque temps après Zangmo demanda à cet homme : — Pourquoi ne me donnes-tu plus 500 kârchâpanas ?

Celui-ci dit : — Les marchands étant partis, comment pourrais-je vous les apporter ?

— Est-ce que les marchands ont emporté toutes les marchandises de Sounanda ?

— Ils les ont emportées.

Zangmo resta encore à se réjouir avec Sounanda pendant deux ou trois jours, au bout desquels elle lui dit : — Seigneur, je n’ai ni champs, ni ouvriers ; c’est de ce que je reçois des gens comme vous que je puis vivre ; ou donnez-moi des kârchâpanas, ou laissez-moi chercher des ressources auprès d’un autre.

Sounanda dit : — Zangmo, il n’y a donc pas d’ami pour toi ?

— Seigneur, les courtisanes n’ont pas d’ami ; leur nature est l’inconstance. Elles abandonnent celui qui est ruiné comme les oiseaux l’arbre qui n’a plus de fruits ; n’avez-vous donc jamais entendu dire qu’il en était ainsi ?

— Zangmo, c’est donc seulement pendant qu’il a des trésors à te donner qu’un homme sait te plaire ?

— Seigneur, tant qu’Indra verse la pluie, les torrents de la montagne coulent ; tant qu’un homme a des trésors à donner à la courtisane, elle est à lui.

— Zangmo, quel est donc celui vers lequel incline ton cœur ?

— Seigneur, l’esprit et le corps de la courtisane sont pareils ; on les réjouit avec des parures et des flatteries ; cela va jusqu’à minuit ;