Page:Foucaux - Le Religieux chassé de la communauté, 1872.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourquoi veux-tu maintenant me détourner de la bonne voie ?

— Seigneur, en quoi la joie et le plaisir sont-ils une infraction à la morale ?

Sounanda pensa : les religieux qui viennent ici pour les aumônes en font sans doute tous autant ; et, déposant sa sébile de mendiant et son manteau de religieux, il suivit Zangmo et oublia complétement auprès d’elle qu’il était entré en religion.

Zangmo lui rendit ensuite son manteau, fit remplir son vase aux aumônes et lui dit : — Seigneur, toutes les fois qu’il vous plaira, venez vous réjouir avec moi. — Sounanda prit les aumônes et s’en alla.

Dans ce même temps, le Bouddha s’occupait à affranchir de tout désir les êtres animés, et leur enseignait la loi de la délivrance.

Quand il entendit le Bouddha enseigner, Sounanda commença à se repentir ; puis son repentir croissant, croissant toujours, il resta silencieux. Il y eut un combat dans son esprit, il vainquit la mauvaise volonté, et le désir, comme un roseau vert coupé, se fana, se dessécha complétement.

Les religieux lui dirent : — Vénérable, n’as-tu aucune maladie du corps ? Ton esprit n’est-il pas tourmenté de quelque chagrin ?

Sounanda, qui, par honte, ne voulait pas s’expliquer, répondit seulement : — Non.

Un médecin étant venu dans le pays, les religieux lui dirent : — Ce jeune homme n’a-t-il pas quelque maladie, examine-le.

Le médecin, l’ayant examiné et ayant vu que tous ses membres étaient sains, dit : — Vénérables, ce jeune homme n’a aucune maladie du corps, et c’est, sans nul doute, son esprit qui est affligé par la souffrance.