Page:Foucaux - Le Religieux chassé de la communauté, 1872.djvu/8

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lait, de la crème et de tout en abondance, l’enfant grandit promptement comme un lotus au milieu d’un étang.

Quand il commença à devenir grand, on lui apprit à écrire et à compter, et on lui enseigna les huit arts qui sont : 1o l’art de connaître les pierres précieuses ; 2o les causes ; 3o les vêtements ; 4o le bois ; 5o les éléphants ; 6o les chevaux ; 7o les femmes et 8o les hommes ; et il devint habile dans ces huit espèces de connaissances.

Son père lui donna trois femmes, une de la première classe, une de la seconde et une de la troisième. Il lui fit bâtir trois espèces de demeures : une d’hiver, une de printemps, une d’été, avec trois jardins, l’un d’hiver, l’autre de printemps et le dernier d’été. Dans les appartements élevés de ces palais, au milieu des accords des instruments, le jeune homme passait joyeusement sa vie, loin des hommes.

Comme le chef des marchands Nanda était sans cesse occupé à compter, à amasser et à bâtir, Sounanda lui dit : — Mon père, pourquoi êtes-vous toujours occupé à compter ?

Mon fils, répondit Nanda, en restant à t’amuser dans les appartements élevés d’un palais, tu ne peux acquérir de richesses ; il faut donc que ce soit moi qui songe aux affaires de la maison.

Sounanda se mit à réfléchir sur ce qu’il venait d’entendre ; puis il se jeta aux pieds de son père en disant : — S’il en est ainsi, permettez-moi d’aller dans un autre pays acquérir des richesses.

— Mais, lui dit Nanda, puisque nous avons des richesses de toutes sortes, pourquoi irais-tu dans un autre pays ?

— Mon père, votre humble fils partira certainement.