Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/40

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personne ne joue mieux le rôle d’honnête femme qu’elle ; il lui sera facile d’en imposer à de pareils nigauds, qui, vraisemblablement, ne la connaissent pas. — Il n’est question que de la dire parente de l’un de nous et de lui supposer un nom. — Nous l’appellerons, si tu veux, la comtesse de Grand-Fond. — Oui-dà, répartit l’autre, cela fait un beau nom. Messieurs, dit-il, haussant la voix, nous irons dîner chez la comtesse de Grand-Fond, tante du baron. — Nous y serons bien reçus, je vous jure, c’est une dame qui fait parfaitement les honneurs de chez elle. À l’égard du cérémonial, que cela ne vous inquiète pas : vous ne serez pas gênés en aucune manière, vous boirez à votre soif et vous aurez la liberté d’aller pisser dès l’entremets, si l’envie vous en prend ; ce n’est pas une bagatelle, d’autant plus que, dans les tables bien réglées, c’est une espèce d’indécence d’y aller avant le dessert. — Ma foi, répondit un des pères, je me moque de l’indécence quand j’ai quelque besoin, je ne me retiendrais pas pour le pape. N’est-il point du dernier ridicule de s’asservir à de sottes et frivoles bienséances qui ne tendent qu’à la destruction du genre humain ? Pour moi, messieurs, j’aime mieux braver le préjugé que d’en