Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/41

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être le martyr. Tandis que Sa Révérence s’expliquait ainsi, on avait dépêché un grison à la Fillon, pour la prévenir sur le personnage qu’elle devait faire, moyennant quoi la scène fut jouée au naturel.

— En vérité, mon neveu, dit-elle, voyant arriver la compagnie, vous n’êtes point raisonnable de m’amener ces messieurs sans m’en donner avis. Je suis honteuse de n’avoir que mon ordinaire à leur offrir. — Madame, répondit d’un ton grivois un des moines, à petit manger bien boire ; nous nous accommoderons de ce qu’il y aura. — Bon, bon, répondit le prétendu neveu, ne prenons pas les paroles de ma tante à la lettre ; elle se plaît parfois à tromper son monde et… — Savez-vous, interrompit la Fillon, que Mlles Finelame et du Déduit sont des nôtres ? — Morbleu, tant pis, repartit l’autre mousquetaire, les révérends pères le trouveront peut-être mauvais : elles sont si jeunes… — Vous vous moquez, s’écrièrent-ils tous ensemble, la compagnie des dames ne nous fait point peur ; vraiment, plus on est de fous, plus on rit ; il suffit qu’elles soient de votre connaissance pour que nous soyons charmés de les voir. Les enfroqués ne languirent pas longtemps dans l’attente ;