Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/127

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je me comportai en franc Lourdaut dans cette occasion. Pouvoit-il tomber sous les sens à quelqu’un qui a la faculté de penser, qu’un grand Monarque fût sensible aux prétendus discours d’un chétif Particulier tel que moi ? Supposons que par étourderie il me fût échappé quelqu’expression déplacée, étoit-il naturel de croire qu’il s’en offensât ? j’ai été pourtant assez sot pour me le persuader ; & je serois mort sans doute dans mon erreur, si des personnes instruites & dignes de foi, ne m’avoient détrompé, en m’assurant que le Roi étoit si peu au fait du tour qu’on m’avoit joué, qu’il ignoroit même que j’existasse. Voilà comme les iniquités passent souvent sur le compte des Souverains, & sont commises en leur nom, sans qu’ils y ayent aucune part. Ah ! que si les Maîtres de la Terre avoient le secret de scruter les cœurs, que de monstres, en qui ils mettent leur confiance, deviendroient les objets