Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/158

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Je vécus dans les commencements avec eux aussi enthousiasmé de leur mérite, que l’est un Amant des attraits divins de sa Maîtresse les premiers jours de la jouissance. Mais comme il arrive à cet Amant, quand les premiers feux sont éteints, de découvrir, dans cet objet de son adoration, maints défauts que son ame préoccupée lui avoit fait prendre pour des perfections célestes : de même quand je fus en quelque manière rassasié du commerce ravissant de ces Messieurs ; quand mes yeux, auparavant couverts du voile de la prévention, se furent dessillés, je cessai d’admirer, & bientôt après je m’apperçus que ces hommes merveilleux avoient leur mauvais côté comme les autres, & qu’ils n’étoient pas moins extravagants que nous ; avec cette différence seulement que nous sommes des foux gais & joyeux, & qu’ils sont des foux sérieux & tristes. Je vis qu’ils aimoient mieux passer pour singuliers,