Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/159

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fantasques, bizarres, que de ressembler à aucun Peuple de l’Univers. J’observai que dans leurs usages & leur conduite ils affectoient d’être le rebours des autres Nations : en un mot, que si, par un miracle de la Nature, nous devenions sombres & mélancoliques, ils seroient, par esprit de contradiction, aussi évaporés & pétulants que nous le sommes. Au reste, regardons-les par leur côté favorable, & nous trouverons que ces Insulaires sont un des Peuples du monde les plus dignes d’estime & d’admiration. Ils sont braves, humains, magnanimes, compatissants ; ils aiment les arts ; ils les encouragent, ils les cultivent : ils conservent entre eux une sorte d’égalité qui contribue au bien général : les derniers Citoyens jouissent des mêmes privileges que les premiers : ils sont à couvert de l’oppression des Grands ; ils vivent tous, sans distinction de rang & de naissance, sous la protection des Loix ; ils jouissent paisiblement de ce qu’ils