Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/32

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dis le plaisir, à cause de sa singularité ; car leurs instruments, ni leur chant, ne me parurent rien moins qu’agréables. Une espèce de violon, qu’on disoit être le plus habile Symphoniste des plaisirs du Grand-Seigneur, nous agaçoit les dents par les sons aigus que produisoit son barbare archet : après quoi un Chanteur, aussi du premier ordre, nous hurla, avec des nazonnements insupportables, l’air le plus mélancoliquement baroque qu’il soit possible d’entendre. Plusieurs personnes de l’Auditoire, nées en Turquie, applaudissoient de la meilleure foi du monde, par de grandes exclamations, aux talents suprêmes de ces deux personnages. Ces applaudissements me faisoient pitié. Je ne pouvois concevoir qu’une symphonie qui m’écorchoit les oreilles, & qu’une voix glapissante qui sortoit de la racine du nez, pût jamais trouver des partisans ; mais j’eus lieu d’être bien plus surpris lorsque dans une autre occasion où nous voulu-