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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/118

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Je reviens à mon Avanturier. Il y avoit déjà long-tems que je convoitois un superbe diamant qu’il portoit au doigt. Le fourbe m’avoit souvent répété qu’il croiroit me sacrifier bien peu de chose, si je voulois l’accepter au prix de mes plus légéres faveurs. Quoique je fisse semblant de ne point ajouter foi à ses paroles, néanmoins j’avois trop bonne opinion de ma figure pour croire qu’il plaisantât. De façon que je ne doutai point que la bague ne fût à moi tôt ou tard. Je n’attendois que l’occasion de la lui accrocher ; je crus l’avoir trouvée un Dimanche étant à la Messe au Quinze-vingt. En effet, mon homme m’ayant abordée, & déployant son éloquence à me conter des douceurs, je lui répondis, que j’aurois lieu d’être bien glorieuse des discours flatteurs qu’il me tenoit, si je pouvois me persuader que le cœur les lui inspirât. « Ah ! s’écria-t’il en lâchant un soupir que je crus sincére, tant il étoit bon Comédien, n’aurez-vous jamais