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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/123

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yeux ridés, par une multitude de phrases doucereuses, détachées du Roman d’Astrée. À quelque distance de ces Matadors, de jeunes fats me lançant discrétement des regards passionnés, se disoient les uns aux autres, d’un ton si bas qu’ils m’étourdissoient, que j’étois charmante, d’une beauté divine, au-dessus des Anges, plus brillante que les astres ; & si je jettois la vue sur eux, ils baissoient modestement les yeux, pour tâcher de me convaincre que la justice qu’ils rendoient à mes charmes, étoit d’autant moins suspecte de flatterie, qu’ils n’auroient pas voulu que je les entendisse.

Quand je songe à tant d’impertinences, je suis tentée de croire que les créatures de notre sorte, ont des attraits bien puissans, ou que les hommes sont des animaux bien aveugles. Quoiqu’il en soit, la manie que l’on a en France pour nous autres, est si grande, qu’on est généralement plus flatté d’avoir affaire aux filles de Théâtre qu’aux fem-