Aller au contenu

Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou du moins, quand la chose arrive, c’est après de si fortes épreuves, qu’il y auroit de l’injustice & de la cruauté à leur en faire un crime. Deviennent-ils insolens ? il est aisé d’y remédier. On leur donne quelques coups de bâton ; on les paie, & on les renvoie : cela ne fait pas le moindre petit pli. Il est vrai que je n’en suis jamais venue à ces extrêmités, parce que j’ai toujours eu la précaution de les prendre tout neufs, exactement de la tournure d’esprit & de corps du Paysan, que l’ingénieux & élégant Mr. de Marivaux nous a peint d’un coloris si naïf & si gai. Je me donne la satisfaction de les éduquer moi-même, & de les plier à ma fantaisie. Sur-tout, je ne souffre pas qu’ils aient aucune liaison avec leurs semblables, de peur que les coquins ne corrompent leur innocence & ne les débauchent. Je les tiens, pour ainsi dire, à la tâche : du reste, rien ne leur manque quant au victum & vestitum. Ils sont proprement entretenus, & nour-