Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/153

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ris comme des poulets à l’épinette, ou, pour parler moins métaphoriquement, comme de bienheureux directeurs de Nones, lesquels n’ont d’autre soin en ce monde, que de faire dévotement de bon chile & ce qui s’ensuit. Voilà, Messieurs, puisque vous étiez curieux de le savoir, la recepte dont je me sers journellement pour modérer les feux de l’incontinence. Au moyen d’un sistême si raisonnable, mes plaisirs ne sont point mêlés d’amertume. Je jouis en paix & à petit bruit, sans redouter les caprices & la mauvaise humeur d’un Amant impérieux qui me traiteroit en esclave, & me faisant peut-être acheter ses caresses au prix de mes épargnes, me réduiroit un jour à la mendicité. Je ne suis pas de ces grues-là. S’entête qui voudra de belle passion & de tendresse Platonique : je ne me repais point de vapeurs : les sentimens épurés & alambiqués de l’amour sont des mêts qui ne conviennent pas à ma constitution ; il me faut des nourritures plus fortes.