plus célébres disciples d’Esculape. Chacun d’eux également ignorant du mal réel dont j’étois attaquée, m’en prêtoit un de son imagination, & me le prouvoit par des sillogismes si concluans, que me croyant tous les maux ensemble, je prenois des remédes de toute main, & faisois de mon corps une boutique d’Apothicaire. Cependant, je diminuois à vue d’œil, & n’étois plus qu’une triste image, qu’une ombre déplorable de ce que j’avois été. Je m’efforçois en vain de remplacer la fraicheur naturelle de mon teint, mes couleurs & mon embonpoint, par les secrets illusoires de l’Art. Le vermillon, la pommade, le blanc & les mouches n’étoient pas capables de retracer à mon miroir le joli minois de Margot. À peine retrouvois-je, dans la profonde méditation & la pénible étude de deux heures de toilette, un seul petit trait qui me rappellât le souvenir de mon ancienne beauté. J’étois presque dans le cas d’une décoration de Théâ-
Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/162
Apparence