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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/163

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tre, qui par la magie de la perspective, est admirable de loin, & qu’on ne sauroit voir de près sans être révolté. Les couches diverses de fard dont je me surchargeois le visage me prêtoient un certain éclat à quelque distance, & donnoient à mes yeux de la vivacité : mais m’approchoit-on ? l’on ne voyoit plus qu’un amas confus & bizarre de couleurs grossiéres, dont la rudesse offensoit la vue, & sous lesquelles il n’étoit pas possible de démêler ma ressemblance. Helas ! que de sujets d’affliction & de désespoir quand je me rappellois le tems heureux où Margot, parfaitement ignorante des ruses & du raffinement de la parure, étoit riche de son propre fonds, & n’empruntoit ses charmes que d’elle-même ! Enfin, pendant qu’immolée à mes ennuis & aux ordonnances des Médecins, je traînois un reste de vie, j’entendis parler d’un Empirique, auquel on avoit donné le sobriquet de Vise-à-l’œil, parce qu’il prétendoit connoître la nature de tout mal