Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/28

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long-tems ; de façon que l’affaire s’engagea de plus belle & devint générale. Dès le commencement je m’étois retranchée toute tremblante dans un coin de la salle, d’où je ne branlai pas tant que dura le chamaillis. C’étoit un spectacle effrayant, & burlesque tout à la fois, de voir ces cinq créatures échevelées culbutant & roulant les unes sur les autres, se mordant, s’égratignant, jouant des pieds & des poings, vomissant toutes les horreurs imaginables, & montrant scandaleusement leur grosse & menue marchandise. La bataille n’avoit pas l’air de finir sitôt, si un Grison qui avoit vieilli sous le harnois, ne se fût avisé d’annoncer un Baron Allemand. On sait en quelle considération ces Messieurs-là, & sur-tout les Milords, sont auprès des filles du monde. Au seul mot de Baron, tout acte d’hostilité cesse. Les combattantes se séparent. Chacune raccommode à la hâte les débris de son ajustement. On s’essuie, on se frotte ; & ces phisionomies