Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/38

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complaisante : je ne le fus que trop. Le traître me fit ce que les libertins se font entre eux. Je perdis mon autre pucelage. Les contorsions que j’avois faites dans cette anti-naturelle opération, jointes à quelques cris qui m’étoient échappés malgré moi, firent comprendre à Mr. le Président que je n’avois nullement partagé ses plaisirs. Aussi, pour me récompenser & me faire oublier mes souffrances, il me glissa deux louis dans la main. «  Ceci, dit-il, est de surérogation ; n’en parlez point à la Florence ; je lui payerai en outre ses épices & les vôtres. Adieu, petite Reine, que je baise auparavant cette charmante fossette : ça, j’espére que nous nous reverrons l’un de ces jours. Oui, nous nous reverrons ; je suis trop content de vous & de vos bonnes maniéres. »

En même-tems il sortit à petits pas précipités, faisant siffler le plancher de la pointe de l’escarpin sans plier le genou. Ce qui venoit de m’arriver,