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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/47

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la fin de notre prostitution, aussi les mépris les plus accablans, les avanies, les outrages en sont presque toujours le juste salaire. Il faut avoir été Catin pour concevoir toutes les horreurs du métier. Je ne saurois, sans frémir, me rappeller la dureté du noviciat que j’ai fait : & cependant combien en est-il qui ont plus pâti que moi ! telle que l’on voit aujourd’hui triomphante dans un équipage doré, orné des plus charmantes peintures & verni par Martin ; telle, dis-je, qui, traînant par-tout avec elle un luxe révoltant, affiche insolenment le gout pervers & crapuleux de son bienfaiteur. Qui croiroit qu’elle fut autrefois le rebut des laquais ? que cette même personne fut le triste objet des incartades & de la brutalité de la plus vile canaille ; en un mot, qu’elle porte peut-être encore les marques des coups qu’elle en a reçus ? Je le repéte, tout agréable, tout attrayant que paroisse notre état, il n’en est ni de plus humiliant, ni de plus cruel.