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Page:Fougeret de Monbron - Préservatif contre l’anglomanie.djvu/53

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canaille ; mais même de ce qu’on appelleroit en tout autre endroit d’honnêtes gens. Le seul moyen de se dérober à leurs avanies, c’est de prendre, s’il se peut, avec leur habit leur grossiéreté ; de copier cet air brusque, gauche & maussade qui accompagne toutes leurs actions ; de tordre le poignet en signe d’amitié aux personnes que l’on connoît, d’être civil avec impolitesse, d’affecter le négligé jusqu’à paroître aux Spectacles en papillotes : en un mot, de se moucher avec les doigts, & d’exhaler en pourceau le superflu de l’air par les extrémités opposées. Il est certain qu’un homme qui peut prendre sur soi d’imiter toutes ces gentillesses est à couvert de l’insulte. J’avoue que la délicatesse & le savoir vivre répugnent à une pareille contrainte ; mais nécessité n’a pas de loi. Il faut heurler avec les loups, ou si la comparaison est meilleure, avec les Ours.