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DESCARTES.

ploya ses soins à fortifier cette santé trop chancelante. Jusqu’à l’âge de huit ans, on l’abandonna presque à lui-même et à ses jeux, sans vouloir surcharger son esprit de connaissances précoces.

Déjà pourtant il se montrait d’un caractère réfléchi, curieux, demandant le pourquoi de toutes choses, si bien que son père l’appelait son « petit philosophe ». À l’âge de huit ans, on l’envoie au collège de la Flèche, avec l’esprit encore frais et vif. À son extrême curiosité il joignait la seconde qualité du philosophe : une grande imagination, nécessaire à ces constructions idéales qui font de la métaphysique une poésie de la vérité. Il commença d’ailleurs, nous dit-il, par être « amoureux de la poésie » ; il conserva toujours ce goût, et ses derniers écrits furent des vers, composés pour les fêtes qui, à Stockholm, suivirent la paix de Munster. À la Flèche, en raison de sa faible santé, Descartes restait au lit le matin plus longtemps que les autres élèves et employait son temps à méditer ; il garda toute sa vie l’habitude d’étudier et même d’écrire dans son lit après le repos de la nuit. Et il dormait le plus longtemps qu’il pouvait. Il recommanda toujours une certaine paresse, jointe à un travail modéré, mais régulier, comme nécessaire à la production intellectuelle. S’il avait été témoin de notre surmenage, il aurait répété que quelques heures par jour bien employées sont préférables à cette fièvre de travail machinal. Ce fut surtout pendant sa dernière année de collège qu’il s’enfonça dans les études philosophiques et scientifiques. « J’avais