Page:Fouillée - Descartes, 1893.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
L’HOMME.

appris, dit-il, tout ce que les autres apprenaient, et même, ne m’étant pas contenté des sciences qu’on nous enseignait, j’avais parcouru tous les livres traitant de celles qu’on estime les plus curieuses et les plus rares, qui avaient pu tomber entre mes mains. » Ce renseignement est propre à restreindre ce qu’il dit ailleurs, qu’il connaissait peu les livres. Il est vrai que plus tard il lisait rarement ; il n’avait guère de livres dans sa bibliothèque que ceux qui lui étaient adressés.

C’est surtout aux mathématiques qu’il se plaisait alors, « à cause de l’évidence de leurs raisons ». Il ne remarquait point encore, dit-il, leur véritable usage, qui est de servir non pas seulement aux « arts mécaniques », mais à l’intelligence de l’univers. La géométrie n’en laissa pas moins dans son esprit ce type d’intelligibilité et de certitude auquel il devait à la fin ramener toutes les autres sciences. À dix-sept ans. Descartes se rend à Paris ; son seul mentor était son valet de chambre. Il mène d’abord joyeuse vie, se plaisant surtout au jeu, où il fut bientôt, comme Pascal, habile à juger de toutes les combinaisons. Bientôt ressaisi par la passion de l’étude, il disparaît, devient invisible à ses amis, qui le croient en Bretagne. Son biographe Baillet prétend qu’il était caché dans un faubourg de Paris. Le fait est qu’il étudiait le droit à Poitiers, où M. Beaussire a retrouvé, sur les registres de la faculté, aux dates des 9 et 10 novembre 1616, la mention de ses examens : Nobilissimus dominus Renatius Descartes,…