l’optique et la médecine, peut accomplir. Ce livre eût pu le mener loin.
En supprimant son Traité du Monde, Descartes invoque « le désir qu’il a de vivre en repos et de continuer la vie qu’il a commencée ». D’ailleurs il ne perd pas tout à fait espérance « qu’il n’en arrive ainsi que des antipodes, qui avaient été quasi en même sorte condamnés autrefois », et ainsi, que son Monde « ne puisse voir le jour avec le temps ». En attendant, on sait par quels subterfuges, dans son livre des Principes, il expose la théorie du mouvement de la terre, tout en la niant d’apparence. « Que ne preniez-vous un biais ? » écrivait-il à son ami Regius, qui s’était attiré des affaires par son imprudence.
Mais Descartes avait beau, après une jeunesse si vaillamment dépensée sur les champs de bataille, pousser désormais à l’excès la « prudence du serpent » qui lui paraissait de mise en théologie, cet homme né catholique et élève des jésuites avait le tempérament d’un protestant ; il était — ce dont les protestants mêmes se dispensent parfois — le libre examen en personne. Sa méthode de doute et de critique, comment ne l’aurait-on pas bientôt appliquée à la théologie et à l’exégèse religieuse, comme à tout le reste ? Les cartésiens hollandais n’y manqueront pas, et Spinoza est proche. Aussi, malgré toutes ses précautions, Descartes finit, en Hollande même, par déchaîner contre lui les théologiens. La tendance des cartésiens de Hollande