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DESCARTES.

ici la distinction familière à Descartes du sensible et de l’intelligible ; ce fondement de toute sa philosophie était aussi le fondement de sa foi religieuse. Au-dessus de la lettre qui tue, il élève l’esprit qui vivifie, et l’esprit, c’est au fond la raison même, la vérité « simple et pure, qui ne change point de nature » avec les temps et avec ceux à qui elle s’adresse. À propos de la Genèse, « on pourrait dire que, cette histoire ayant été écrite pour l’homme, ce sont principalement les choses qui regardent l’homme que le Saint-Esprit y a voulu spécifier, et qu’il n’y est parlé d’aucune qu’en tant qu’elles se rapportent à l’homme ». Il n’est donc pas étonnant que, par rapport à l’homme, le soleil tourne !

Le langage de Descartes à Mlle Schurmann ne montre pas grande foi dans l’inspiration des Écritures en ce qui concerne la lettre et les détails. Descartes trouvait assez enfantin le récit de Moïse parlant au peuple le langage populaire. Comme Mlle Schurmann se récriait, Descartes lui assura qu’il avait été, lui aussi, curieux de savoir ce que disait exactement Moïse sur la création, et qu’il avait même appris l’hébreu pour en juger dans l’original ; mais, « trouvant que Moïse n’a rien dit clare et distincte », il l’avait laissé là, « comme ne pouvant lui apporter aucune lumière en philosophie ». Descartes disait encore qu’il y aurait un livre curieux à écrire, et auquel il avait songé : des miracles ; on y ferait voir tous les miracles que la science, surtout