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Page:Fouillée - Descartes, 1893.djvu/54

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DESCARTES.

Nous ne pouvons ici entrer dans le détail de ces découvertes ; c’est seulement l’application de la méthode au système du monde que nous voulons mettre en évidence : nous voulons faire voir que Descartes est le vrai fondateur de l’évolutionnisme entendu dans son sens légitime. Combien il est supérieur à tous ceux qui, de nos jours, partent de l’évolution au sens vague, comme d’une loi ou force primordiale ! À vrai dire, l’évolution n’est qu’un résultat de lois plus profondes ; elle ne produit rien, elle est produite ; elle n’explique pas, elle est à expliquer. Depuis les travaux de Spencer, on met sans cesse en avant l’Évolution, comme une sorte de divinité qui présiderait au développement des êtres ; c’est confondre l’effet avec la cause, la conséquence avec le principe. « L’évolution, dit Spencer, est un passage graduel de l’uniformité primitive à la variété, de l’homogène à l’hétérogène, de l’indéfini au défini. » À la bonne heure ; mais ce sont les lois du mécanisme universel qui ont pour résultat final ce passage des choses d’un état de dispersion relativement uniforme, où elles sont pour nous indistinctes et imperceptibles, à un état de concentration et de variété régulière, où elles deviennent pour nous distinctes et perceptibles. L’évolution n’est donc qu’une application de la mathématique universelle, dont les principes doivent, avant tout, être établis. Ils l’ont été par Descartes ; bien plus, ils ont reçu de lui leurs premières et leurs plus importantes applications.