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MATHÉMATIQUE ET MÉCANIQUE UNIVERSELLES.

toutes les autres parties de l’univers et d’être attirée par elles. Descartes s’élève contre cette notion d’une force vraiment attractive qui nous ramènerait aux vertus occultes. Loin de s’attirer, tous les corps tendent, selon lui, à s’écarter les uns des autres par le fait même du choc. S’ils ne se dispersent point dans le vide infini, c’est que ce vide n’existe pas. Si les planètes s’écartaient par la tangente, elles seraient repoussées vers le centre par des corps dont la force centrifuge est plus grande, et qui, conséquemment, tendent plus qu’elles à se diriger vers la surface du tourbillon. La pesanteur, sur la terre, n’est pour Descartes qu’un cas particulier de cette loi universelle ; la terre, en effet, est le centre d’un tourbillon particulier, qui agit sur les corps terrestres comme le tourbillon solaire agit sur les planètes. Qu’un corps terrestre, par exemple une pierre, s’éloigne d’abord de la surface de la terre, ce corps y sera bientôt repoussé par les parties du tourbillon dont la force centrifuge est plus grande que la sienne. Une pierre tombe en vertu du même mécanisme qui fait qu’un morceau de liège remonte à la surface de l’eau. La pesanteur n’est donc qu’une impulsion et non une attraction[1]. La « forme sphérique d’une goutte liquide » est l’effet de la pression « d’une matière subtile environnante, qui se meut et la pousse en tous sens », tendant elle-même à

  1. On sait que, pour Newton même, l’attraction n’était qu’une métaphore, qui fut prise plus tard au sérieux par les newtoniens.