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le vrai comme volonté de puissance

« Elle veut aspirer la mer et boire ses profondeurs : et le désir de la mer s’élève avec mille mamelles.

« Car la mer veut être baisée et aspirée par le soleil ! elle veut devenir air et hauteur et sentier de lumière, et lumière elle-même

« En vérité, pareil au soleil, j’aime la vie et toutes les mers profondes.

« Et ceci est pour moi la connaissance. Tout ce qui est profond doit monter à ma hauteur. « Ainsi parlait Zarathoustra. » Avec Schopenhauer, Nietzsche retrouve encore sous la volonté de vérité la volonté de vivre, mais il ne se la figure toujours que comme volonté de puissance.

« Vous appelez volonté de vérité ce qui vous pousse et vous rend ardents, vous les plus sages.

« Volonté d’imaginer l’être : c’est ainsi que j’appelle votre volonté.

« Vous voulez rendre imaginable tout ce qui est : car vous doutez, avec une juste méfiance, que ce soit déjà imaginable.

« Mais tout ce qui est, vous voulez le soumettre et le plier à votre volonté. Le rendre poli et soumis à l’esprit comme son miroir et son image.

« C’est là toute votre volonté, vous les plus sages, c’est là votre volonté, même quand vous parlez du bien et du mal et des appréciations de valeurs.

« Vous voulez encore créer le monde devant lequel vous pouvez vous agenouiller ; c’est là votre dernier espoir et votre dernière ivresse. »

La volonté de puissance est donc représentée par Nietzsche comme faisant le fond des valeurs de bien ou de mal, comme de celles de vrai et de faux. La volonté de puissance est « la volonté vitale, inépuisable et créatrice ».

Nietzsche dit encore ailleurs :

« Et toi aussi, qui cherches la connaissance, tu n’es que le sentier et la piste de ma volonté : en vérité, ma volonté de puissance marche aussi sur les traces de la