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Page:Fouillée - Nietzsche et l’immoralisme, 2e éd., 1902.djvu/65

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le vrai comme volonté de puissance

vaincue, le plaisir même de la victoire, le plaisir de la puissance exercée et accrue. » (P. 303.) Mais peut-être avions-nous aussi d’avance répondu à Nietzsche en ajoutant : « Soutiendrons-nous donc que la puissance, la force, est le bien ?… Ce serait encore là confondre des idées très différentes. La vérité est essentiellement un rapport de principe à conséquence, une identité totale ou partielle, une forme logique ; la force est essentiellement un rapport de cause à effet, un principe de mouvement et de changement, une forme de la réalité. Ceci entendu, nous demanderons ce qu’il y a de bon à ce que la cause produise son effet, à ce que la force engendre le mouvement, et, si cette nécessité, réelle est plus digne de s’appeler le bien que la nécessité logique, dont nous parlerons tout à l’heure. Tout dépend de la nature de l’effet produit ; la force est bonne si l’effet est bon, mauvaise si l’effet est mauvais. Et par quel moyen, à ne consulter que l’expérience, jugerez-vous que l’effet est bon on mauvais ? Vous serez encore obligé de recourir à l’idée d’une augmentation ou d’une diminution de vie, qui, empiriquement, ne vaut que comme augmentation ou diminution de l’intime félicité. » (P. 303.) Nous ajoutions que, dans la conscience immédiate, « il n’y a plus ni connaissance, ni intelligence proprement dite ; il n’y a plus ni vérité, ni intelligible ; il y a sentiment de la vie, et ce qui fait qu’un sentiment est bon, c’est au fond qu’il est agréable. Supprimez la joie d’être et d’agir, le sentiment obscur, mais profond, de la volonté satisfaite, du désir uni à son objet, qu’y aura-t-il de bon dans la conscience » (p. 302) ?

Guyau, lui aussi, avait montré avant Nietzsche, dans le désir de connaître, le désir fondamental de vivre et d’aller toujours plus avant :

Vivre, c’est avancer.


L’école anglaise, d’ailleurs, n’avait-elle pas établi le caractère primitivement pratique et vital des opéra-