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a travers la vie

Ce qui est assez curieux, c’est la façon dont M. Paul Bourget aime la femme. Tout son amour vient de sa curiosité. Ses études — qu’elles s’appellent Suzanne Moraines ou Gladis Harvey, ou de tel autre nom, — sont des jouissances de psychologue satisfait d’avoir surpris quelque chose d’un secret dérobé à la plupart d’entre nous. Si parfois l’écrivain trouve en lui quelque élan prêt à se traduire par un cri de passion, ce cri sera vite étouffé, cet élan vite réprimé, et même derrière les larmes — plus nombreuses qu’on ne le croit — qui ont glissé dans les livres de M. Paul Bourget, on sentira toujours le chercheur. C’est lui qui s’enthousiasme parfois et s’attendrit sur son champ d’études, parce qu’il le sent immense et palpitant, comme c’est le philosophe qui s’intéresse et se passionne, comme c’est le poète qui vibre, tandis que l’homme, à demi tué par l’observateur, se débat dans son dédain mêlé de pitié, dont il voudrait bien peut-être, mais dont il ne peut se défaire.

M. Paul Bourget regarde un peu la femme comme un problème dont la solution, essentiellement variable, est presque toujours décevante. Cette conception est très moderne et très conforme à nos tendances d’esprit. Avec notre