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m. paul bourget

sont de plusieurs sortes, les uns intéressant plus directement l’être matériel, les autres l’être incorporel. Or, ces deux êtres, si intimement liés pendant notre vie que souvent nous ne les distinguons qu’avec peine, ne sont pas sans s’influencer mutuellement. Ils ne sont pas deux, ils sont un en deux parties. Celle-ci a été nommée ; âme ; celle-là : corps ; mais toutes deux sont l’homme et rien de ce qui touche à l’homme ne leur est étranger. Les vibrations de l’une éveillent toujours des échos dans l’autre. Établir une ligne de démarcation absolue entre les phénomènes de l’âme et ceux du corps, proscrire complètement les uns pour se vouer à l’étude exclusive des autres n’était pas une idée très heureuse, car, s’ils ne s’identifient pas, — ce qui est discutable, — ils vont volontiers de compagnie et parfois sont bien près de se confondre. C’est seulement en les considérant tous qu’on peut arriver à la compréhension des uns et des autres.

Les psychologues modernes ont compris cela et c’est fort heureux, car, étant donné que leur observation envisage l’homme ordinaire avec ses passions de moyenne intensité et qu’elle s’exerce beaucoup plus sur des états de conscience, des états du moi que sur l’âme et le moi eux-mêmes,