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PRÉFACE

a ricané sous le pseudonyme de Triboulet ; et, premier que d’être bouffon des Valois, il a gambadé, Ægipan. Déconcertante synthèse, Georges Fourest exhibe presque en même temps les cornes du bouc, la marotte chère au jongleur du Roi et le bizarre vêtement sac où s’enveloppe l’amuseur de l’arène[1] ; il apparaît coup sur coup comme le Clown, le Fol de cour et le Satyre.

Alliance de l’homme et de la bête, et quasiment dieu, compagnon effronté et folâtre de Dionysos, ivre plus qu’à demi de chansons, de vin, de caresses, le Satyre gambade, fringue, cabriole, s’ébaudit. Est-il terrible, est-il ridicule ? Il est (c’est le cas de le dire) biscornu. Est-il beau, est-il affreux ? Il est troublant. Depuis la fourche de ses pieds jusqu’à la pointe de ses oreilles, il a de l’esprit : esprit tortueux et tumultueux, âpre et burlesque, raffiné et puéril, savant et brutal, douloureux et lascif, — et esprit surtout ricaneur, sardonien ; naturellement : esprit satyrique.

De cet esprit-là, le livre où j’ai la gloire de préambuler, abonde, foisonne, retentit, sonore de crépitations baroques et joviales qui étonnent, parmi la noble harmonie de tels beaux poèmes tout imprégnés d’Orphée peut-être et d’Euripide certainement. On s’amuse, on s’étonne, non sans quelque remords, devant une Phèdre, une Iphigénie, une Andromaque fantasquement renou-

  1. Si le roi et l’arène se trouvent ici l’un près de l’autre, c’est tout à fait par hasard.